Implants dentaires : se lancer ou pas ?

« L’implant est une racine artificielle, classiquement en titane, qui vient remplacer une racine naturelle déjà extraite ou compromise par un traumatisme, une infection ou une maladie parodontale », explique le Dr Guy Lasry, stomatologiste. L’implant est placé dans la mâchoire, ce qui suppose d’avoir assez d’os.
En revanche, si la racine de la dent, en bon état, est conservée, le dentiste ne proposera pas d’implant. « Il faut bien comprendre qu’un implant n’est pas une prothèse dentaire, mais le point d’ancrage à une prothèse fixe : une couronne ou un bridge-pont si elle concerne plusieurs dents, ou à une prothèse amovible, l’appareil dentaire », ajoute le Dr Pierre-Bruno Ducasse, chirurgien-dentiste.
Bien choisir son praticien
Tous les chirurgiens-dentistes et stomatologistes peuvent poser des implants, mais il est préférable de privilégier ceux qui en ont l’habitude. Demandez à votre dentiste s’il possède un diplôme universitaire ou une formation en implantologie, et combien d’implants il pose par an.
Selon la Société française de parodontologie et d’implantologie orale, son devis doit comporter, outre le montant de ses honoraires, le descriptif complet du traitement : le nombre d’implants, la nature et la marque des matériaux, les alternatives possibles et les risques encourus.
Il faut soigner les dents avant de poser un implant
Après un examen médical et la réalisation d’un panoramique (voire d’un scanner), le dentiste détermine s’il peut ou non vous poser des implants. Les éventuels soins de gencives et de dents sont alors effectués, car la bouche doit être exempte de toute pathologie lors de la pose des implants.
« Pour des raisons esthétiques, l’implantation peut se faire juste après l’extraction d’une dent, mais le plus souvent, elle se planifie après cicatrisation de l’os », souligne le Dr Jean-Luc Ardouin, président de la Société française de parodontologie et d’implantologie orale.
Comment se passe la pose d’un implant dentaire ?
La pose est réalisée au bloc ou dans une pièce dédiée à cette fonction au cabinet dentaire. Après avoir pratiqué une anesthésie locale, le praticien incise la gencive. Avec un foret, il perce un petit trou dans l’os dans lequel il insère l’implant.
Pour des raisons esthétiques ou fonctionnelles, il peut mettre en place une prothèse provisoire. Peut-il fixer une prothèse définitive dans cette même séance ? Les avis s’opposent, certains spécialistes y sont favorables, d’autres farouchement opposés. Aussi, si vous n’êtes pas pressé, il est peut-être plus prudent de procéder en deux temps.
Après deux à six mois, le praticien vérifie si l’implant s’est bien intégré dans la mâchoire. S’il est solidement ancré, l’étape prothétique avec prise d’empreinte et essayage de la prothèse définitive (couronne, bridge ou appareil amovible) est engagée.
Existe-t-il des contre-indications ?
Oui. « Il y a des contre-indications locales : quantité ou qualité d’os insuffisante, et des contre-indications générales en cas de grossesse, de maladie cardiaque des valves, de maladie osseuse, de diabète mal contrôlé, de chimiothérapie ou de traitement immunosuppresseur après une greffe d’organe », explique le Dr Hadi Antoun, chirurgien-dentiste.
Des précautions sont à prendre en cas de traitement antiplaquettaire ou d’ostéoporose traitée par des biphosphonates, car ces derniers fragilisent les mâchoires. « En aucun cas, il faut se mettre à la place du médecin qui suit la patiente, insiste le Dr Gérard Dupeyrat, stomatologiste. C’est lui qui donne son autorisation pour les soins bucco-dentaires. »
De plus, si vous fumez beaucoup, le dentiste risque fort de refuser de vous poser des implants, à moins que vous ne concédiez transitoirement à arrêter. En effet, le tabagisme augmente considérablement le risque d’échec de l’intégration osseuse des implants. En revanche, l’âge, même avancé, n’empêche pas la pose d’implant.
Les implants peuvent-ils remplacer plusieurs dents ?
Oui, ils peuvent répondre à un édentement partiel ou total (toute la mâchoire supérieure ou inférieure). Il ne s’agit pas forcément de placer un implant pour chaque dent manquante. « Par exemple, deux implants peuvent stabiliser un dentier
mobile », précise le Dr Antoun. Toutefois, le praticien doit vous proposer l’ensemble des traitements possibles afin que vous puissiez choisir selon vos motivations… et votre budget. «La limitation majeure à la pose d’implants est le problème financier», constate le Dr Dupeyrat.
Combien coûte la pose d’un implant dentaire ?
Il faut compter entre 700 € et 1 500 € pour la pose de chaque implant, non remboursés par la Sécurité sociale, auquel il faut ajouter 500 € à 1000 € par couronne. Pourquoi est-ce si cher ? « Un implant de bonne qualité coûte entre 300 € et 400 €, le pilier de cicatrisation, 50 €, le matériel filaire, de 50 € à 60 € et le kit jetable, 30 €, sans compter les frais de fonctionnement », explique le Dr Ardouin.
Les tarifs varient donc selon les matériaux utilisés et les techniques opératoires, mais aussi selon les régions et les praticiens. Seule une infime partie de la prothèse est remboursée : 45 € par couronne. Renseignez-vous auprès de votre mutuelle pour savoir si les implants sont pris en charge (Contre-angle).
Quels sont les avantages d’un implant par rapport à un bridge ?
Ce n’est pas la même chose : l’implant sert de racine, le bridge est une prothèse. Cela étant, poser une couronne sur implant peut présenter un avantage comparé à un bridge sur dent naturelle. Avec un bridge, le dentiste est souvent obligé de dévitaliser et de couronner les deux dents adjacentes de la dent manquante. Avec l’implant, cette mutilation de deux dents saines est évitée.
Le comblement sinusien est-il risqué ?
Quand la quantité d’os est insuffisante, le praticien envisage soit un comblement sinusien, soit une greffe osseuse. « Le premier fait appel à des matériaux de substitution, explique le Dr Antoun. Dans 1 % des cas, on note un risque d’infection locale. » Le risque de déchirer la membrane sinusienne n’est pas nul non plus.
« Autre possibilité, prélever de l’os (greffe autogène, donc aucun risque de rejet) dans la mâchoire, ce qui peut être réalisé au cabinet dentaire, ou dans le crâne ou la hanche du patient, ce qui demande une hospitalisation et une anesthésie générale.
Des interventions trop vite décidées…
Dans de rares cas, il peut y avoir un risque de lésion d’un nerf ou d’une artère pouvant provoquer une hémorragie », prévient le Dr Antoun. Vous devez donc être informé des risques encourus, ainsi que des autres possibilités de traitement (prothèse amovible, par exemple).
Le Dr Ducasse conseille la plus grande prudence vis-à-vis de ces interventions chirurgicales lourdes et, selon lui, trop rapidement décidées. N’hésitez pas à demander son avis à votre ORL (Unit dentaire).
Les échecs sont-ils fréquents ?
Le taux d’échecs est faible : de 2 % à 5 %. La perte d’un implant, parce qu’il s’est mal intégré dans l’os, peut avoir plusieurs causes : une infection locale s’est développée, l’os a été surchauffé au moment du forage ou bien l’implant a été surchargé car la prothèse était mal adaptée. « On peut alors déposer l’implant, nettoyer le site osseux et réimplanter le patient trois mois après », affirme le Dr Antoun.
June 30th, 2017 by